La disparition est instantanément superposée par l’apparition qui a une forme, une présence. Réelle et réellement visible, la présence est constante (car remplaçable) et ininterrompue. Elle s’étend dans le passé et dans le futur.
La disparition est l’interstice invisible du contraste. Elle est la face cachée de l’apparition, son compagnon nommé ‘Vanité’. Face à la présence qui s’étend infiniment, la disparition se constitue d’un nombre infini d’instants.
Tout appartient à ses deux forces, l’une fixe et l’autre mutable. L’apparition étant fixe et la disparition mutable. Le temps étant immobile et le moment un mouvement. Donc toute apparition porte en elle le germe de son contraire quitte à devenir le masque d’une présence en péril.
Je n’ai pas voulu illustrer le disparition par une histoire qui remplacerait le véritable sujet. D’autant plus que rien ne disparait. Mais cet instant de ‘perdition’ infime, étant au bord de la dissolution, il est difficile de le capter. Je l’ai donc remplacé par ‘Question’. Car il me semble que la disparition nous dépasse…
La superposition de deux forces contraires qui s’annulent (comme le Hors Phase du signal sonore) marque le croisement de nos perceptions dans une énigme.
Je voudrais questionner l’énigme.
C’est, je crois, ce qu’on appelle la mise en abîme dans une œuvre. Une énigme posée à un sphinx.
Il ne s’agit pas de résoudre l’énigme mais d’entrer dans la zone troublante de la transformation. L’inévitable fragmentation de l’image. Puisque ce n’est qu’en reconstruisant qu’on trouve les questions. Comme celle de : Qu’est-ce qui est un corps réel? Quand dans un bloc de marbre la disparition progressive révèle la forme. Quand dans le dessin le vide et le plein découlent l’un de d’autre. Quand le négatif argentique est une double apparition/double disparition.
Qu’est-ce qui est un corps réel quand nous-mêmes sommes représentés à plusieurs niveaux, dont le rêve ou l’inconscient? Une réalité à laquelle nous nous sommes habitués et que l’œuvre modifie.
Irina Rotaru, 2013